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L’ADHUC s’inquiète de l’avenir des réfugiés rwandais au Congo

Le président de l’Association pour les  droits  de l’homme et l’univers carcéral (ADHUC), Loamba Moké, a exprimé le 27 avril à Brazzaville, sa vive préoccupation suite au sort des réfugiés rwandais qui vont perdre à partir du 31 décembre 2017 leur statut de réfugiés. Le président de l’ADHUC a dénoncé la tripartie mise en place entre le Congo, le Rwanda et le HCR, menaçant ces autorités de saisir la Commission africaine des droits et des peuples, si elles ne se ravisaient pas dans les 30 prochains jours.

L’ADHUC a publié un mémorandum dans lequel il condamne l’attitude des gouvernements du Congo et du Rwanda, ainsi que le HCR. Pour Loamba Moké, obliger ces réfugiés à retourner dans leur pays et sans leur consentement, est une violation grave de la Convention de Genève sur les réfugiés, alors que la tendance est malheureusement de faire passer tous les Hutus pour des génocidaires. « Les réfugiés rwandais, avec leur statut, sont sous la protection internationale. Pour perdre cette protection, soit le réfugié retourne volontairement dans son pays », a-t-il dit.

Dans son mémorandum, le président de l’ADHUC a recommandé au gouvernement de renoncer à l’application de la convention d’extradition et de transfert des condamnées signée par le Congo et le Rwanda. Pour lui, cette convention est non conforme à l’article 5 de la convention de l’OUA sur la protection des réfugiés en Afrique, ratifiée par les deux pays. Il a aussi demandé au Congo, au Rwanda et au Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (HCR) de prendre les mesures appropriées de part et d’autres pour le retour serein et sécurisé des réfugiés rwandais qui demandent volontairement leur rapatriement.

La vice-présidente des étudiants rwandais au Congo, Marie-Claire Nyiramahoro a affirmé que les intentions du gouvernement rwandais ne sont pas nettes. « Quand nous analysons ce qui s’est passé, on doute des intentions des autorités rwandaises. Le Congo et le Rwanda n’ont pas une frontière directe. Si nous sommes arrivés jusqu’ici, alors que nous étions dans un camp des réfugiés en RDC après avoir fui le génocide, c’est parce que nous avons été pourchassés en RDC par les éléments du Front patriotique rwandais (FPR).  Pourtant en 1997, la guerre avait pris fin depuis 1994 au Rwanda. Le gouvernement qui nous a pourchassés est encore aux affaires. Nous ne pensons pas que notre sécurité soit garantie une fois retourné au Rwanda », a-t-elle signifié. Pour elle, le gouvernement rwandais devait d’abord organiser une véritable réconciliation des populations du pays sous l’égide de la communauté internationale.

Pendant la guerre civile rwandaise qui a coûté la vie à plus de 800.000 personnes, à majorité Tutsi, plusieurs Hutus avaient fui le Rwanda et trouvé refuge d’abord en RDC puis au Congo Brazzaville. Arrivés au Congo, ils ont obtenu le statut collectif « prima facié ». Plusieurs années après, jusqu’en 2017, aucun réfugié rwandais n’a sollicité de retourner dans son pays, jugeant les conditions de retour pas propices, ni réunies.