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La carotte et la chicotte de Philippe Mvouo

Le président du Conseil supérieur de la liberté de Communication, Philippe Mvouo a profité de la journée mondiale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai pour encourager les journalistes à faire leur travail dans l’objectif de promouvoir une société congolaise pacifique, juste et inclusive. Il n’a pas hésité à s’étonner que les forces de l’ordre et d’autres décideurs empêchent les journalistes à jouer ce rôle, qui est en fait leur travail.

C’est en véritable moralisateur que Philippe Mvouo s’est exprimé à la fin du focus organisé par son institution constitutionnelle pour inviter les journalistes à faire correctement leur travail dans le respect de la loi. Ce travail, a-t-il argué, consiste dans un premier temps à produire des publications de qualité qui puissent conduire le Congo vers une société pacifique. Les journalistes doivent promouvoir les valeurs des droits de l’homme dans le pays, a-t-il déclaré, appelant le monde de la presse à se rendre digne de son travail.

Le président du Conseil supérieur de la liberté de la Communication a cependant manifesté son étonnement sur le fait que de nombreux journalistes ne peuvent pas tranquillement faire leur métier sans être délibérément entravés par les forces de police. Philippe Mvouo est revenu sur le cas de la journaliste de l’Agence congolaise d’information (ACI), Julie Marna Mankene, et collaborant également à Vox Congo, jetée en prison pour avoir enquêté et publié un article sur le phénomène des bébés noirs qui sévissent à Brazzaville.

Selon Philippe Mvouo, il y a bien des choses à dire sur cette police. « Il y a un problème qui ne dit pas son nom dans l’attitude des journalistes, c’est la peur de la police. Qui ne se plaint pas de notre police, qui ne se plaint pas de notre gendarmerie, qui ? Est-ce que le dire est un tort ? », s’est interrogé éperdument le président Mvouo.

Pour Philippe Mvouo, la journaliste n’a fait que son travail. « C’est un phénomène connu de tous et décrié par la population. Les journaux écrivent constamment, mais le phénomène est toujours là, il n’est pas parti. Pourquoi quand un journaliste en parle, cela devient un problème », a abondé le président du Conseil supérieur de la liberté de Communication, encourageant les journalistes à ne pas avoir peur d’exercer leur métier, car « le journaliste c’est l’homme de la critique au quotidien pour décortiquer la réalité de la société ».

Aménageant son « réquisitoire », Philippe Mvouo a dit comprendre le dur labeur de la police qui traque les bébés noirs. « C’est vrai, on doit aussi avoir pitié des policiers qui ne dorment pas, qui traquent ces bandits. Quand on doit faire la critique, il faut qu’elle soit objective, pour que ceux qui échinent n’aient plus des choses à redire », a-t-il indiqué.

D’autres journalistes dans la salle du focus ont estimé que la police devrait se contenter de protéger les droits de l’homme et servir le pays, plutôt de s’en prendre aux hommes des médias à la moindre incartade. « Nous avons comme l’impression que nos frères les policiers ont la gâchette facile concernant les journalistes », a commenté le directeur de Publication de la Semaine Africaine, Joachim Mbandza, évoquant la même situation de la journaliste incarcérée.