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Clément Mierassa conditionne le financement des partis politiques aux bonnes élections

Le président du Parti social démocrate congolais (PSDC), Clément Mierassa a indiqué le 11 février à Vox Congo que l’organisation d’élections libres et transparentes au Congo devrait déterminer les vrais bénéficiaires de la loi sur le financement des partis politiques adopté récemment par le parlement. « Sinon, on a l’impression que depuis toujours, les partis de l’opposition ne doivent pas bénéficier de ces financements », a indiqué le président du PSDC.

Le parlement congolais a adopté début février une loi sur le financement des partis politiques. Elle vise à apporter une subvention aux formations politiques qui remplissent les critères, notamment un certain nombre d’élus et une représentation nationale. Le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphyrin Mboulou a par la suite annoncé un financement global de 1 milliard de francs CFA consacré à 19 partis politiques au titre de l’année 2017.

Réagissant à cette nouvelle réglementation, Clément Mierassa a estimé que cette disposition ne devrait plus favoriser que le parti au pouvoir, le PCT, et ses alliés. Les formations de l’opposition ne seront juste que triées sur le volet, a-t-il indiqué, réclamant de facto la tenue d’élections libres et transparentes. « C’est le problème de fond dans notre pays. Si les résultats des élections sont biaisés, nous ne connaitrions jamais les vrais bénéficiaires de ces financements », a-t-il dit.

Une dizaine de partis bénéficient déjà des financements publics depuis 2014. C’est le cas de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), la principale formation de l’opposition. Mais l’UPADS dénonce un versement irrégulier  de ces financements dont « la clé de répartition n’a jamais été définie ni notifiée aux partis ayants-droit ». Le parti de l’ancien président Pascal Lissouba (1992-1997) réclame aujourd’hui cinq trimestres d’impayés accumulés dans le cadre de ces financements.

« Alors, qu’on cesse de divertir l’opinion. Nous voulons d’abord que le ministre de l’Intérieur nous dise comment entend-il nous payer ce qu’il nous doit avant d’élargir la liste à d’autres partis. Pour nous, c’est un non-événement », a critiqué un membre du conseil national de l’UPADS, contacté par Vox.

Les jeunes leaders politiques ont par ailleurs salué cette loi qui vient appuyer les efforts qu’ils consentent régulièrement dans le fonctionnement leur parti. « C’est une bonne chose. Il y a très longtemps que nous attendions cette loi. Ces financements doivent nous aider à faire avancer nos partis », a reconnu Armand Mpourou, président de la Dynamique pour le développement du Congo (DDC).

Pour le président du Congrès pour la démocratie et la république (CDR), Bonaventure Boundzika, il ne s’agit pas de festoyer comme si l’Etat avait fait un don aux partis politiques. « C’est la reconnaissance des efforts fournis par les partis. C’est le fruit de nos batailles quotidiennes qui doivent être récompensées au travers de ces financements », a-t-il affirmé.

La loi adoptée au parlement permettra cette année à 19 partis de bénéficier des financements publics. Il s’agit de l’argent des Congolais que l’Etat a décidé de mettre au service des partis politiques. Plusieurs Brazzavillois ont indiqué à Vox que les chefs des partis ne devraient pas « se comporter comme de nouveaux riches grâce à cet argent ». « Nous souhaitons voir la démocratie être renforcée dans notre pays. Les partis politiques doivent être des organisations plus indépendantes vis-à-vis de leurs présidents, principaux pourvoyeurs de fonds de fonctionnement », a indiqué Philomène, une militante politique.

La volonté de l’Etat devrait cependant se marier avec le contexte actuel fait de crise économique et financière. Le décaissement de 1 milliard de francs CFA au bénéfice des formations politiques sélectionnées n’est pas déjà un acquis, a affirmé Clément Mierassa, « il faut attendre les trésoriers des partis encaisser les parts prévues ».