Close

La conduite sur le tas en pleine expansion

De nombreux conducteurs de véhicule au Congo ne passent pas dans une école appropriée. Le passage dans une station de lavage, un garage de mécanique ou dans une station de gardiennage suffit pour qu’un jeune se mette derrière un volant de voiture, s’il n’a pas pris la main auprès d’un chauffeur de bus qui lui montre comment faire avancer un véhicule. Malheureusement, cette situation est la cause de multiples accidents de la route dûs à un code de la route non maîtrisé.

Interrogé à ce sujet,  Aimé Juste Ngambio, maître dans un garage situé au cœur du quartier Kintsoundi, a expliqué qu’il paraît invraisemblable de compter dans son équipe un aide-mécanicien ignorant comment déplacer un véhicule. Ce n’est pas un luxe dans le cadre du travail mais juste une nécessité, a-t-il ajouté.

Or, il s’avère que ces jeunes aides dont l’âge varie entre 14 et 30 ans ne sont pas d’avis avec leurs maîtres puisqu’ils se donnent même la liberté d’accomplir leur devoir au-delà du simple mouvement de déplacement d’un véhicule. Aussi, vont-ils jusqu’à réaliser des séances de rodage de ces véhicules en panne soumis à une éventuelle révision, roulant parfois à tombeau ouvert dans les ruelles du quartier.

Dans la même optique, un phénomène est fréquent dans la plupart des arrêts de bus. Les  chauffeurs des mini bus « Hiace » et bus « Coasters » trouvent logique de laisser libre champ à leurs receveurs appelés « contrôleurs » de prendre le volant pour déplacer l’engin jusqu’à une bonne distance aux risques et périls des passagers dont les railleries ne changent en rien leur conviction.

« S’il ne profite pas de ces instants opportuns,  mon co-équipier ne parviendra jamais à conduire », a lâché Jean Paterne Milandou, chauffeur de bus, à l’heure où les auto-écoles poussent partout dans la capitale comme des champignons.

Le problème est ailleurs, a réagi Henriette Kissolokélé. Selon cette passagère à bord d’un « Hiace », ces contrôleurs formés à la va-vite relaient pendant des heures les chauffeurs, quand ils se reposent ou sont occupés à d’autres basses besognes. Ce, dans le but de «combler le trou » qui pourrait se créer pendant leurs récurrentes escapades observées aux heures de service.

Donnant son avis, Pierre Ndingani, chauffeur de taxi qui a 40 ans d’ancienneté dans le métier a déploré ces pratiques illicites. Il a par ailleurs condamné  la manière lapidaire dont ces jeunes apprennent théoriquement les règles du code de la route, sans déontologie ni méthodologie. « Dire qu’ils sont détenteurs de permis de conduire m’interpelle parfois », a-t-il ajouté

C’est auprès de tels individus qu’il faut aller rechercher la cause de la courbe ascendante du pourcentage des accidents qui se produisent sur les chaussées de Brazzaville, a commenté un policier de la circulation routière.