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Le Congo doit admettre la critique de la presse, selon Grégoire Lefouoba

L’enseignant de Philosophie et maitre de conférences à l’université Marien Ngouabi de Brazzaville, Grégoire Léfouoba a affirmé le 3 mai à l’occasion d’un focus consacré à la liberté de la presse qu’un pays qui n’avait pas d’esprit critique allait à la mort, invitant les gouvernants à profiter de la critiquer des journalistes pour améliorer la gestion de la République. Il a appelé les journalistes à jouer de l’équilibre dans leurs publications pour éviter les injustices dans la société.

Grégoire Lefouoba a souligné, au cours de ce focus organisé par le Conseil supérieur de la liberté de communication, que la critique n’était pas toujours négative, une appréciation d’un certain nombre de faits qui se passent dans la société. Or, a-t-il soutenu, au Congo, la critique est mal perçue par les gouvernants et les leaders d’opinion. « Le premier point d’une intelligence, c’est l’esprit critique. La critique est essentielle pour faire évoluer une société», a-t-il affirmé, en développement le thème « Des esprits critiques dans les temps critiques, le rôle des médias dans la promotion des sociétés pacifiques, justes et inclusives ».

Pour ce professeur de philosophie à l’université Marien Ngouabi, les médias doivent promouvoir une société pacifique, en évitant la pratique de l’injustice. Pour être juste, il faut instaurer l’alternance dans le contenu des programmes des médias. « Quand on a accordé la parole aux acteurs du pouvoir, il faut aussi le faire pour ceux de l’opposition. Beaucoup de frustrations naissent par la pratique de l’injustice. Il est vrai que si l’opposition, par exemple, n’a pas organisé une activité, les médias ne vont pas le faire à leur place, au cas où elle l’a fait, il n’y a aucune raison que ces informations ne soient pas diffusées », a-t-il poursuivi.

De son côté l’ancien bâtonnier du Barreau de Brazzaville, Thomas Djolani, en exposant sur « La presse, force publique ou de l’ordre et droits de l’homme », a soutenu que la presse et les forces de l’ordre entretenaient des rapports conflictuels. Pour lui, la force publique qui a la mission d’assurer la protection des droits humains devaient garantir la protection des journalistes. « Quand la force de publique va mettre de l’ordre, dans une manifestation non autorisée, par exemple, elle réprime tout le monde sans distinction, y compris les journalistes qui se trouvent sur le lieu pour couvrir l’activité. La presse pêche donc par emprunt », a-t-il dit.

Le problème de la force de l’ordre, selon lui, est du côté de ceux qui leur donnent des ordres. « La force de l’ordre étant le bras armé du gouvernement, ne fallait-il pas exposé sur le thème la presse et le gouvernement ? » Il a donc posé la question de formation des agents de l’ordre.

La question de la liberté de la presse au Congo a été diversement appréciée à l’occasion de cette journée commémorative. Pour Jean Clotaire Himbou, secrétaire général de l’Association des éditeurs de presse, le cadre d’exercice de métier du journaliste ne permet pas au journaliste de bien s’exprimer. « Il y a trop de limites dans le métier. Quand vous vous mettez à écrire, vous ferrez face à toutes sortes de pressions, d’intimidations qui vous obligent souvent à ne plus aller au bout d’une enquête, par exemple », a-t-il déploré.

Maitre Thomas Djolani a souligné que la liberté de la presse existe au Congo, car il y a prolifération des titres des journaux et liberté de ton dans la titraille. Il a même noté que par rapport à certains titres publiés par les journaux, le gouvernement faisait preuve de patience.

Un ancien directeur de Radio Congo, Mfumu Fyla Saint-Eudes, a estimé que les autorités congolaises aggravaient la condition de précarité des journalistes. Elles préfèrent mettre beaucoup de moyens financiers et matériels à la disposition des journalistes étrangers au détriment des journalistes locaux, qui sont réduits à la mendicité.

Ce focus a été organisé conjointement par le conseil supérieur de la liberté de la communication et le ministère de la communication et des médias.