Close

Des particuliers proposent des espaces culturels à Brazzaville

Brazzaville n’a pas suffisamment d’espaces culturels pour permettre aux artistes de se produire et se faire connaitre du public. Heureusement que certains particuliers de la capitale leur ouvrent les bras.  

Le Cercle culturel Sony Labou Tansi à Bacongo prête aujourd’hui à confusion. Ayant longtemps servi à l’épanouissement des artistes, cet espace culturel est devenu un simple lieu de divertissement au profit de la bière autour d’un barbecue. D’aucuns pensent que cet espace n’est plus le patrimoine des artistes, puisqu’il est assiégé par une série de kermesses sans limite. Apparemment, seuls les artistes congolais producteurs de la musique moderne s’y retrouvent.

Sculpteurs, céramistes, vanniers, percussionnistes, humoristes,  slameurs  et consort ne savent plus à quels saints se vouer pour faire valoir leur compétence. Ils sont condamnés à aller voir ailleurs. Il en est de même pour les jeunes talents dont le génie créateur  qui sommeille en eux souffre de ne point s’exprimer, faute d’espace.

Face à cette situation, quelques particuliers amoureux de la culture ne se sont pas croisés les bras, à l’instar du restaurant  « La P’tite faim » au Plateau des 15 ans qui consacre depuis quatre ans  la partie arrière de sa cour à la réalisation de certaines activités culturelles. « Le député fou », pièce théâtrale de Fortuné Bateza y a déjà été joué et l’espace a dernièrement connu un grand moment du rire avec Brazza Comédy Show qui fêtait l’anniversaire de l’humoriste Kimana  Formidable, un membre de la troupe.

« Recevoir gratuitement les artistes congolais sur ces lieux, est une façon de les booster à aller de l’avant. Il n’y a pas de spectacle sans espace », révèle le directeur  général du restaurant, Boris Songuessa, initiateur du projet.

Mais cette bonne initiative n’est pas une innovation chez certains artistes qui ont aussi eu le flair en adoptant, il y a bien des années, la même vision de contribuer au développement de la culture congolaise. A 53 ans de carrière musicale, Clotaire Kimbolo connu sous le pseudonyme Kim Clotaire Douley  Depuis 17 ans, il entretien l’espace Congo Square, un cercle culturel périphérique de Brazzaville. Un foyer de création et de diffusion artistique  situé à Moukondo dans l’arrondissement 4 Moungali, pour dynamiser la recherche et la créativité des jeunes talents  locaux et étrangers. Kim Douley n’a qu’un seul souhait, « initier une génération future des artistes de valeur ».

Dans la même optique, le chanteur Casimir Zoba dit Zao n’a pas hésité à ouvrir les portes de sa modeste concession aux artistes du pays en créant l’espace Zao, le coin favori des mélomanes, les mordants des ballets et percussions de la musique tradi-moderne.

Depuis 2010, en plein quartier de Bacongo, sous un palmier à huile, la musicienne, peintre et experte de la cuisine locale, Gladys Samba dit Maman Glad, dispose d’un endroit à l’ambiance cosmopolite où se jouent les rythmes du jazz, du soul, du reggae. C’est l’espace Kudia, un lieu où l’ouïe et le goût font bon ménage.

Parmi ces artistes, il faut aussi compter la fondatrice des Ateliers Sahm, l’artiste peintre Bill Kouélany. Ce centre pour l’art et le partage des savoirs situé dans le quartier de la Glacière à Bacongo est un espace ouvert aux  peintres, slameurs, groupes théâtrales et tout autre talentueux désireux de se faire connaître dans la sphère artistique.

La « Cité maison normande », située après le pont du Djoué, encore en chantier, est une idée formidable de l’artiste congolais Kevin Mfinka, résidant en Europe. « On y trouvera des salles d’exposition, des galeries pour artistes », confie-t-il à  Vox.

Ce danseur percussionniste ramène deux fois l’année au pays, des Normands qui viennent en résidence découvrir  les merveilles et la beauté des instruments de la musique traditionnelle à savoir  le « Ngoma », le « Ngongi », la sanza, le madimba. Une manière pour lui de valoriser la culture congolaise. L’espace  La Normandie  à Mantsimou est aussi une des œuvres de Kevin Mfinka.