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Un énième débat sur le franc CFA à Brazzaville

Des éminents économistes, anciens premiers ministres  et ministres des pays africains ont animé, le 6 avril à Brazzaville, un débat sur le franc CFA autour du thème : « franc CFA : Stop  ou  encore ? ». Aucun compromis n’a été trouvé à la fin du débat ; Chaque tendance est restée sur ses positions.

Au cours de ce débat, deux zones monétaires ont été ciblées, l’Union économique et monétaire Ouest Africaine (UEMOA)  et la Communauté économique et monétaire  de l’Afrique centrale (CEMAC).

D’aucuns ont pensé que «l’âge de la retraite avait sonné pour le franc CFA». C’est le cas de l’ancien premier ministre de la République du Mali, Mara Moussa qui a affirmé que les pays de la zone franc devraient instaurer une souveraineté monétaire établie de manière commune. Une  monnaie basée sur leurs propres intérêts et orientations. Pour lui, il y a  des extrêmes qui amènent à des reformes pertinentes. « Il y a dans le Franc CFA des insuffisances qui mériteraient d’être corrigées pour sortir de la servitude monétaire», a-t-il dit. Cette opportunité permettra à ces pays dits indépendants et souverains, doté d’un dispositif faisant d’eux des mineurs économiques, d’amorcer leur développement.

Intervenant à son tour, l’ancien ministre du Sénégal,  Djibril Ngom a indiqué qu’il faut plutôt maintenir le système. Il a reconnu cependant qu’il y a des fondements de gestion qu’il faut observer. « La souveraineté n’existe pas d’une manière absolue », a-t-il expliqué. Pour lui, les pays des zones monétaires intégrées d’Afrique de l’Ouest et du Centre devraient plutôt rechercher la base du développement. Instaurer une chaîne de valeur pour augmenter la productivité. « Voilà qui détermine une certaine stabilité monétaire», a-t-il insisté. Il a étayé ses propos en affirmant que le «le coton du Mali  et le cacao de la Côte d’ivoire  œuvrent pour que la politique monétaire soit au service de la croissance».  L’ancien homme d’Etat a poursuivi en disant qu’aucun pays n’évolue seul. L’élaboration des stratégies demeure un besoin notoire pour aspirer à l’émergence.

A propos de l’émergence, l’ancien premier ministre de la République démocratique du Congo, Augustin Matata Ponyo  a rappelé que «l’émergence n’est pas un produit fini. C’est un processus ». Pour lui, ce processus va de soi avec la confiance. Or, a-t-il poursuivi, si l’élément central d’une monnaie réside en la confiance, la confiance elle-même ne se décrète pas. Elle se vit.

L’ancien premier ministre notifié que l’on peut avoir une bonne monnaie  mais si on ne fait pas de la bonne gouvernance son cheval de bataille, rien n’ira pour le mieux. Invité comme témoin pour un retour d’expérience, ce  spécialiste en politique budgétaire et monétaire a indiqué qu’il n’y a pas de politique monétaire déconnectée avec la politique économique, la politique fiscale et la politique industrielle qui convergent ensemble pour former un arsenal. Il a appelé à la prise de conscience des Etats. Il a incité au fantasme économique dans le but de réaliser des excédents budgétaires  afin d’améliorer la gouvernance publique. «Nous sommes dans le franc congolais, monnaie autonome, structurée, avec une autorisation monétaire. Et nous y resterons», a-t-il conclu.

Faisant la synthèse pour traiter des perspectives d’avenir, l’ancien ministre gabonais, Alexandre Barro Chambrier a levé l’équivoque sur le compte d’opération au niveau du trésor public français. Pour lui, une monnaie doit être garantie par des devises. D’où les 30 ou 40 % que reçoit cette institution, servent de rescousse à la banque centrale de chaque Etat utilisateur du franc CFA.