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Une épidémie de rougeole et de Monkeypox sévit dans la Likouala

Le secrétaire général du département de la Likouala, Pascal Mouele a confié à Vox qu’une double épidémie de rougeole et de Monkeypox s’était déclarée dans cette partie septentrionale du Congo. Selon le district sanitaire de Bétou, environ 26 cas de rougeole ont été repérés dont 11 hospitalisés.

Les premiers prélèvements pour confirmer les souches de rougeole n’ont malheureusement été  faits que le 1er mars alors que la maladie sévit depuis huit semaines, selon la coordination de la surveillance de cette double épidémie mise en place par les agences humanitaires à Bétou. Ces échantillons seront analysés dans un laboratoire de Kinshasa en RDC. Si les cas sont confirmés, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et certainement le gouvernement pourraient alors déclarer l’épidémie.

Mais sur le terrain, les rares médecins s’activent pour contrer la rougeole. Ils ont pu détecter 26 cas dont 11 reçus à l’hôpital de Bétou. Les sources médicales signalent en même temps que cinq autres cas ont été guéris suite aux soins administrés au Centre de santé intégré (CSI) de cette localité. Elles notent par ailleurs l’évasion d’autres cas qui n’ont pas supporté l’isolement, faute de ration alimentaire.

Dans les villages voisins de RDC, cette épidémie avait déjà été déclarée par les autorités de Kinshasa. Les soins sur les populations sont en cours. Vu la proximité et le trafic quotidien entre les deux peuples, la présence des cas de rougeole au Congo ne devraient pas étonner.  Des dispositions importantes devraient être mises en place pour empêcher cette épidémie de gagner du terrain dans la Likouala où les populations autochtones et réfugiées vivent confinées depuis des années. On peut craindre une catastrophe, assurent les membres de la coordination qui déplorent aussi l’absence d’une véritable riposte par l’Etat.

Par ailleurs, une autre épidémie, le Monkeypox s’est aussi déclarée dans cette région. Les premiers cas ont été identifiés mi février à Moualé, une petite bourgade perdue dans la Likouala, près de Bétou. Une mission de l’OMS l’a récemment confirmée dans la ville, appelant les populations à prendre les précautions.

La maladie n’a pas de traitement spécifique. Seuls les symptômes sont soignés. Après 14 jours d’incubation, le Monkeypox se déclare par une forte fièvre pendant 48 heures. D’autres signes comme l’éruption cutanée, la diarrhée, l’angine, la toux suivent immédiatement après.

Six  cas ont été enregistrés à Moualé. Une personne est décédée des suites de cette maladie, et deux autres sont portées disparues sans que leur traitement ne soit arrivé à terme. L’OMS a doté la coordination de quelque 200 kits pour aider le personnel médical à faire face à cette épidémie car, mal équipés, les infirmiers ne voulaient pas s’approcher de malades.

La bonne nouvelle c’est qu’il n’y a plus eu de nouveaux cas depuis quelques jours. Les humanitaires redoutent cependant une maladie qui couve et qui pourrait refaire surface avec beaucoup de force, car aucun suivi conséquent n’a été effectué de la part des autorités.

Il y a quelques jours seulement, le fonds GAVI et l’UNICEF sont allés faire un plaidoyer auprès du président Denis Sassou N’Guesso pour relancer la vaccination de routine dont le Congo  a été pendant longtemps tête de pont en Afrique centrale. Le pays manque en effet plus de 4 milliards de francs CFA pour acheter les vaccins. Le gouvernement n’a prévu cette année que quelque 300 millions pour les vaccins.

Cette double épidémie serait donc la conséquence de la chute de la vaccination. Dans la Likouala, le taux de couverture vaccinale a chuté jusqu’à 60%, selon le rapport de la direction départementale de la santé.