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Gladys Samba et la fumée sur scène

Gladys Samba est une artiste qui aime à faire son entrée sur scène avec une cuvette fumante. Sa musique baignant dans l’actualité des textes révisés à la lumière de la sagesse ancestrale valorise la tradition.

« J’aime beaucoup la fumée. Quand elle me manque, je la créée.  Ma cuisine ne connait pas de pénurie de bois de chauffe » a confié l’artiste qui va jusqu’à plonger son visage dans cette nuée blanche quand elle se retrouve sur scène.« La fumée n’a rien d’une incantation. Elle est plutôt thérapeutique. Sinon, comment expliquer le séjour, dans une case fumante, de l’accouchée avec son rejeton dans les bras durant une période donnée ? La fumée de bois rajeunit et nourrit la peau noire. Cette pratique est encore  observée dans certains villages du Congo », a fait comprendre Gladys.

De la fumée, l’artiste en a tiré sa polyphonie « do-di-do-da- ca ». Au travers de cette mélodie buccale, Gladys qui fait claquer sa langue met en exergue le mouvement de la femme attisant le feu de sa bouche comme un soufflet. « Un exercice physique relatif aux poumons que la femme africaine pratique au quotidien ignorant parfois ce que ce geste peut apporter de positif» a déclaré la conservatrice de la culture ancestrale. Gladys œuvre pour ramener la femme africaine à la cohabitation avec la fumée de bois. « Sur scène, c’est ma bombe fumigène» a lâché Gladys en riant.

Dans ses chansons, Gladys Samba évoque des faits sociaux qui portent sur l’éducation. Sa cible, c’est la « mama » africainequi se déracine de ses souches, épousant à bras le corps une culture qui n’est pas la tienne. Aussi, Gladys s’est-elle dévouée à fonder une association femme du foyer (AFF). Un « mbongui  » ou école du savoir à l’intention de la femmecongolaise qui atout oublié, même l’essentiel.« J’entends par là le signe de révérence »a déclaré l’artiste qui tantôtfait l’éloge de la  femme travailleuse, tantôt  sermonne la paresseuse. Gladys chante en parabole pour revaloriser le côté « sage » des traditions qui s’évertuaient à instruire le public à travers le chant, liant l’utile à l’agréable.

Gladys joue aux maracas, au « dum-dum » à la «sanza ». Elle fait claquer sa langue pour inventer un rythme donné, elle créée un son agréable avec des grains du riz dans une calebasse, elle joue avec le bruissement de l’eau pour en faire une belle mélodie.  Tout objet qui lui tombe dans les mains est susceptible de produire un son captivant. Sur scène Gladys sautille, saute et entame unedanse endiablée comme traversée par une transe. C’est une vraie « bête de scène » telle qu’on la nomme.

Gladys a fait ses armes dans la musique en 1999 avec  « Les Yelawa », un groupe tradi-moderne où elle a été  co-fondatrice aux côtés de Ludovic Ngoma alias Pasteur yaMatus.De 2001 à 2003, elle intègre le groupe « Wamina » et  côtoie  d’autres groupes  encore avant de créer avec Armel  Malonga, en 2015, le groupe « Biya Lunkoyi » d’ArmelMalonga qui est son grand initiateur dans la musique  métissée. « Avec  Mel, j’ai appris la haute musique, de l’afro-jazz,  du funk … ».  Depuis  2015, « la bête de scène » joue en solo. Son groupe s’appelle Tela. Un diminutif de « Tela dia tobolatadi »,  une métonymie illustrant la persévérance dans ce métier d’art.

Gladys est lauréate en 2009 au Liban à Beyrouth  lors des 6èmes  jeux de la francophonie ». Elle est consécutivement présente  aux Nuits du Congo à Addis Abéba  en 2013 et Washington  en 2014.Avec le groupe Biya Lunkoyi, Gladys estvue à Massa, en Côte d’Ivoire.

« La bête de scène » a participé à la première édition de «Mantsina sur scène » jusqu’à la 8e. Les  Festivals panafricains de musique(FESPAM) ne lui sont pas étrange.Par ailleurs Gladys a connuen 2012le festival  Nzi- Nzi, le festival Basango à Pointe-Noire,en 2013, le festival  du jazz « Jazz Kif »à Kinshasa.  Gladys est comptée en 2017 à Pointe-Noireparmi les artistes qui ont presté au festival « Expression féminine »organisé par la comédienne congolaise Germaine Ololo.Gladys n’a loupé aucune des deux  éditions du Festival international des instruments de musique traditionnels africains (Fiimt’africa)du fondateur Elie libérat.

Outre la musique, Gladys Samba est cuistot. Elle est déclarée lauréateen 2017,lors d’un concours organisé par l’association des cuisiniers à Brazzaville où elle reçoit une médaille d’or et un trophée Saka-Saka.

Sortie de l’école des Beaux-arts à Brazzaville, l’artiste dispense des cours d’art plastique dans l’un des collèges publics de Brazzaville. Elle détient un diplôme qui témoigne sa spécialité dans l’art céramique.