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Où sont passés les 16 ambassadeurs rappelés à Brazzaville ?

Le gouvernement congolais a rappelé début janvier seize ambassadeurs, officiellement, dans le cadre de la relance et de la redynamisation de la diplomatie. Donc un mouvement de routine du personnel, selon les autorités. Depuis cette annonce, l’opinion se demande sur la suite réservée aux diplomates qui devraient rentrer à Brazzaville, alors que les noms de ceux qui vont les remplacer circulent déjà sous les manteaux dans la capitale.

De folles rumeurs, indiquant que c’était à cause la crise financière que les autorités avaient décidé de fermer certaines représentations à l’étranger, avaient précédé ces explications officielles. Selon le département des Affaires étrangères, il fallait faire de la diplomatie agissante, en renforçant des ambassades stratégiques et économiquement rentables

Selon une source proche du ministère des Affaires étrangères, le ministre Jean Claude Gakosso avait réussi à introduire auprès du président de la République une liste de nouveaux ambassadeurs, aptes à redynamiser la diplomatie congolaise et à savoir coopérer avec les pays amis. Certains de ces ambassadeurs auraient déjà purgé une vingtaine d’années à leur poste. Or, la logique voudrait qu’un ambassadeur exerce au plus deux mandats de quatre ans, avant d’aller servir le pays dans une autre capitale.

En fait, la réalité c’est que très peu d’informations circulent au sujet de ces seize ambassadeurs ainsi que leurs locaux à l’étranger. La raison de la crise économique évoquée par une certaine opinion, reste malgré tout tenace et plausible aujourd’hui. Des seize ambassadeurs visés, seule Marie-Thérèse Avemeka anciennement en poste en Namibie a pu rentrer, semble-t-il, à ses propres frais. Même Pierre Michel Nguimbi qui a récemment pris la présidence d’honneur d’As Patronage de Brazzaville, n’est toujours pas rentré. Ils attendraient de l’Etat des billets et autres frais liés à leur gros déménagement.

Selon des sources crédibles, ces ambassadeurs n’ont pas eu leurs crédits de fonctionnement depuis fin 2015. Le gouvernement aurait amorcé le paiement des loyers de certains locaux, mais les factures restent encore faramineuses. D’autres locaux nécessitent aujourd’hui un sacré coup de toilettage, comme celui des Etats-Unis où l’ambassadeur Serge Mombouli préfère parfois travailler à la maison, selon les usagers.

Cette année 2017, le ministère des Affaires étrangères bénéficie d’un budget de 35,4 milliards de francs CFA. Quelque 22 milliards sont consacrés aux salaires des employés. Et le reste pour entre autres l’entretien des locaux qui sont, dans la plupart des cas en train de prendre un coup de vieillesse. La crise financière serait donc à l’origine de cette inefficacité.

Les ambassades visées par ce mouvement de renouvellement d’effectifs sont le Sénégal avec Pierre Michel Nguimbi qui pourrait aller en Inde, le Cameroun où on souhaiterait parachuter Albert Nkoua, la Belgique que pourrait rejoindre l’ancien ministre du Plan Léon Raphaël Mokoko ou l’Algérie. Les noms de certains cadres du ministère des Affaires étrangères sont également cités pour prendre des postes à l’étranger, le cas Chantal Maryse Itoua-Apoyolo pour la Namibie, ou le doyen Camara Mamadou Dekamo qui pourrait cette fois-ci poser ses valises en Allemagne. Le Cuba, devenu terre de destination pour les étudiants congolais en médecine, serait dévolu à Rosalie Kama Nyamayouwa, ancienne ministre en charge de l’Enseignement primaire et secondaire, ou encore Marcel Mbani pour le Gabon.

Bien que la liste ne soit pas exhaustive, le gouvernement aurait pris du retard dans l’exécution du mouvement de personnel d’ambassade. Après l’installation de Rodolphe Adada à Paris et Guy Nestor Itoua à Kigali, le silence a de nouveau gagné le ministère des Affaires étrangères. Au point de se laisser questionner : que sont devenus les fameux seize ambassadeurs rappelés ?