Close

La pénurie répétée de carburant fait l’affaire des pompistes

Les grands centres urbains de la  République du Congo sont confrontés depuis des semaines à une pénurie intempestive de carburant. Cette situation contrait les automobilistes à organiser des veilles devant les stations services, ou à faire simple, en soudoyant les pompistes avec 2.000 ou 3.000 francs CFA, pour espérer avoir rapidement le produit.

Devenu récurent à Brazzaville et à Pointe- Noire, le manque de carburant crée de longues files d’attente des véhicules devant les stations-services. Devant la station X-Oil de la Patte d’oie à Brazzaville, les véhicules se sont alignés pendant des jours jusqu’au rectorat de l’université Marien Ngouabi. A la station Total de l’ambassade de Chine, plusieurs chauffeurs attendaient du carburant, étalés sur leurs nattes. Ce qui fait que les vendeurs de carburant dans les différentes stations  font de la surenchère, en misant sur la loi de l’offre et de la demande.

Cette pénurie prolongée de carburant donne du fil à retordre aux conducteurs des véhicules qui, pour être servis  parmi les premiers, doivent, en fonction de la quantité achetée, donner une sorte de pourboire forcé aux pompistes.

Pour un bidon de 25 litres de carburant, les pompistes se laissaient corrompre à 2.000 francs CFA. Mais avec le corsage de la pénurie, ces vendeurs ont augmenté à 3.000 francs le prix de leur corruption.  Ils en sont catégoriques, et ne se laissent aucunement intimider  par l’afflux des acheteurs qui les envahissent pendant la livraison de carburant. C’est ainsi, qu’ils  imposent des sommes incroyables à leurs clients, souvent dans le besoin depuis des jours. , au-delà, en   exigeant plus de 3000 francs CFA dans certaines stations.

Au moment où le pays est en proie à une crise économique ardue, les pompistes par contre se frottent les mains, et se lèchent les lèvres, souhaitant que les pénuries se corsent davantage, afin qu’ils continuent d’amasser des sommes colossales à longueur  de journée. En plus, lorsque les chauffeurs de taxi  protestent contre leur décision de vente de carburant sans tenir compte de la disposition de file d’attente des véhicules,  ils  n’hésitent pas à les narguer, les poches pleines d’argent malhonnêtement gagné.

Le manque prolongé de carburant donne ainsi naissance à une organisation mafieuse au centre de l’activité des pompistes. Les vendeurs illégaux de carburant, communément appelés « Kadhafi » se font également des montagnes d’or. Ces derniers vendent du carburant à proximité des stations services, en doublant le prix officiel, à raison  de 1500 francs CFA le litre, alors qu’un litre d’essence est vendu à  570 francs. Ils ne se s’inquiètent pas de la répression policière.

 De leur côté, les chauffeurs de taxi font la surenchère pendant les courses. Ils  taxent les clients en fonction des itinéraires, pour essayer de récupérer les pourboires versés à contrecœur aux pompistes,  et cela s’ajoute le sacrifice consenti pour s’approvisionner.

Cette pénurie de carburant devrait encore durer si les autorités ne prennent pas des dispositions. La Congolaise de raffinage (CORAF) a cessé sa production depuis le 1er avril pour entretenir ses machines. Ces travaux s’achèveront  à la fin du mois  d’avril. Déjà avec le peu que la CORAF produit, tous les foyers ne sont pas approvisionnés. Avec des besoins en carburant estimés à environ 1,2 million de tonnes par an, les Congolais n’ont, grâce à la CORAF, que moins de 800.000 tonnes. Cela ne représente que 45% des besoins.

Ainsi pour résorber l’épineux problème de  pénurie de carburant, le Congo doit résolument   chercher des investisseurs pour la construction d’une nouvelle raffinerie.  D’ailleurs,  plusieurs investisseurs Turcs, Chinois et Russes  ont manifesté leur volonté  d’investir  dans la construction  d’une nouvelle raffinerie dans le pays. On se demande bien pourquoi l’Etat tergiverse.