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La police appelée à s’investir dans la lutte contre les violences faites aux femmes

Le ministre de l’Intérieur, de la décentralisation et du développement local Raymond Zephyrin Mboulou et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) ont lancé le 8 décembre à Brazzaville, un appel à la mobilisation contre les violences faites aux femmes et aux filles, demandant exprès aux forces de l’ordre de s’y impliquer. Cet appel a été fait dans le cadre des 16 jours d’activisme suivant la commémoration de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, célébrée le 25 novembre.

Des associations défendant les droits de la femme ont rapporté de graves atteintes faites aux femmes et aux filles, dénonçant dans la foulée ces actes barbares. La présidente de l’association « Muasi ya Congo », Germaine Onanga a révélé le cas d’une jeune sourde abusée tard dans la nuit, alors qu’elle rentrait d’une messe de 31 décembre, par des garçons de son quartier.

Devant une assistance choquée et tétanisée par ce récit, Germaine Onanga a poursuivi sur un autre cas : « Un homme jaloux a brûlé vive son épouse dans la chambre. Cette dernière est morte calcinée ».

Une autre femme, mariée a un Guinéen et participant à cette cérémonie, a témoigné que sa fille avait été excisée à Brazzaville. « Mon mari a fait venir l’exciseuse ici pour faire l’opération. Autant ma fille criait, autant je vivais cette douleur », a-t-elle dit.

Des témoignages poignants qui ont fait réagir le ministre en charge de la Sécurité. Raymond Zephyrin Mboulou n’a pas hésité d’appeler la police à s’investir pleinement afin d’interpeler tous les agresseurs des femmes, et les traduire devant les juges. « Ils subiront la rigueur de la loi, car agresser une femme, c’est compromettre la vie » a-t-il déclaré.

Le ministre Mboulou a ensuite appelé les éléments de la police à redoubler d’ardeur dans la protection des citoyens. Les policiers sont souvent eux-mêmes cités comme auteurs de ces actes. « Un guide de protocole sera mis à la disposition de ces agents. Malheur à ceux-là qui oseront s’aventurier sur le chemin du déshonneur », a dit avec fermeté le membre du gouvernement.

Dans son mot de circonstance, la représentante de l’UNFPA au Congo Barbara Laurenceau a indiqué que cet appel était plutôt un cri d’espoir, car, les forces de l’ordre constituent un groupe clé dans le maintien de la paix et de la sécurité. « Le Fonds des Nations Unies pour la population, s’engage à accompagner tous les efforts réunis ici, pour que les violences faites aux femmes ne soit plus seulement une affaires de femmes mais plutôt, des hommes au plus haut niveau », a-t-elle indiqué.

Un officier de police présent dans la salle a demandé aux victimes de dénoncer leurs agresseurs, même quand il s’agit de leurs propres conjoints. « La femme doit collaborer avec la police afin que l’auteur soit arrêté et jugé. Tant qu’on ne le dénonce pas, le crime va se poursuivre », a expliqué le colonel Kouni Okougna. 

Le procureur général près la Cour d’appel de Brazzaville Jean de Dieu Batchi a exhorté les victimes à porter plainte. Le couple risque trois à cinq ans d’emprisonnement et une amende de 10.000.000 de francs CFA. « Le crime de viol ne peut pas être impuni », a assuré le magistrat.

Les violences subies par les femmes peuvent gravement nuire à leur santé, a dit Dr Carmen Matoko spécialiste des violences basées sur le genre. Elle a invité les femmes victimes des violences sexuelles de briser le silence. « En parler dans les 72 heures qui suivent l’acte, afin de bénéficier des soins de la Chimioprophilaxie pour éviter les infections sexuellement transmissibles ou les grossesses indésirables », a-t-elle conseillé.