Close

Une réunion des chefs d’Etat à Brazzaville sur la crise libyenne

Au moins cinq chefs d’Etat africains dont le président hôte Denis Sassou N’Guesso se réunissent le 27 janvier à Brazzaville pour examiner, dans le cadre du Comité de haut niveau de l’Union africaine, la crise libyenne. Les conclusions de cette réunion devraient donner un éclairage sur le règlement de la crise en Libye qui dure depuis six ans.

Le chef de l’Etat congolais, nommé en novembre 2016 président du Comité de haut niveau sur cette crise, va proposer à ses homologues arrivés à Brazzaville ses pistes de sortie de crise. Denis Sassou N’Guesso faisait déjà partie en 2011 du groupe des chefs d’Etat africains qui avaient tenté une médiation avant la chute du guide libyen, Mouammar Kadhafi. Le président congolais s’était pour cela rendu à Tripoli pour rencontrer les parties en conflit et négocier une sortie moins sanglante pour Kadhafi.

C’est certainement fort de cette expérience que les Etats membres de l’Union africaine ont confié au chef de l’Etat congolais la mission de conduire ce comité de haut niveau composé essentiellement des chefs d’Etat du continent noir. Ces derniers devraient en priorité fouler le sol brazzavillois dès la soirée du 26 janvier.

Outre l’hôte du sommet, le Tchadien Idriss Déby Itno, le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Sud-Africain Jacob Zuma et le Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz devraient partager leurs vues de la crise libyenne sur place à Brazzaville aux côtés de Sassou N’Guesso. L’Algérie, très intéressée par la question et dont le président est malade, sera représentée par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Son arrivée à Brazzaville avait déjà fait l’objet d’une vaste campagne médiatique à Alger.

L’Union africaine qui a mandaté ces chefs d’Etat à organiser cette réunion est représentée par son Commissaire à la Sécurité et paix, Smaïl Chergu. Un invité surprise pourra être applaudi à l’ouverture des travaux des chefs d’Etat au palais des congrès de Brazzaville. C’est le président égyptien, le général Abdel Fattah al-Sissi. Dans tous les cas, si le président Al-Sissi n’arrivait pas à Brazzaville, l’Egypte sera tout de même représentée.

En fait, la réunion qui se tient à Brazzaville mobilise à la fois les pays du Maghreb et le monde arabe africain. L’Algérie et le Maroc se discutant le leadership sur la question n’ont pu s’accorder sur les méthodes de règlement de la crise. Si l’Egypte s’approche progressivement du dossier, la Tunisie regarde encore de loin, mais s’assure que les conclusions de Brazzaville soient à la hauteur d’éteindre le brasier libyen, en activité depuis plus de cinq ans.

Les arabes africains aussi ont tout intérêt de voir les choses s’améliorer à partir de Brazzaville. Ils sont d’ailleurs nombreux à venir dans la capitale congolaise. Le Niger, la Mauritanie et surtout le Tchad sont les plus intéressés. Le président Idriss Deby soulève ses craintes de voir la Libye accorder l’hospitalité à des éléments capables de déstabiliser N’Djamena.

La crise libyenne est une véritable plaie ouverte en Afrique. L’Etat n’existe plus dans ce pays, géré par des écuries et des clans qui font main basse sur les ressources nationales notamment le pétrole. Les migrants africains et orientaux choisissent aujourd’hui la Libye comme point de passage pour l’Europe.

Les Africains devaient donc eux-mêmes trouver une solution à cette situation. Il est vrai qu’en 2011, toute une coalition occidentale s’était liguée contre le guide libyen, accusé de s’en prendre aux populations qui démarraient à cette époque leur révolution, appelée Printemps arabe. Mouammar Kadhafi a péri près de la ville de Syrte dans les combats déclenchés lors de cette révolution. Depuis là, le pays a perdu sa stabilité et sa boussole pour le développement.