Le directeur général du Plan, Franck Corneille Mampouya, a souligné que la stabilisation, la relance et la diversification de l’économie congolaise s’appuient sur six piliers fondamentaux inscrits dans le Plan national de développement 2022-2026. Ces piliers concernent notamment l’agriculture au sens large, l’industrie, la promotion du tourisme, le secteur immobilier, le développement des zones économiques spéciales, ainsi que l’économie numérique.
Intervenant lors de la troisième édition du Forum Vox Eco sur le thème « Financer la diversification économique du Congo », Franck Corneille Mampouya Mbama a détaillé ces axes stratégiques. Le premier pilier vise le développement agricole à travers l’augmentation des productions végétales, animales et halieutiques, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi que le soutien à l’agriculture paysanne, l’agro-industrie et l’agro-business. Le deuxième pilier concerne la structuration d’un tissu industriel compétitif, avec la valorisation des ressources naturelles, les industries de transformation agricole et les industries manufacturières substitutives aux importations.
Le troisième pilier porte sur la mise en œuvre effective des zones économiques spéciales (ZES), notamment pour attirer des investisseurs étrangers et locaux, tout en renforçant les infrastructures et la gouvernance de ces zones. Le quatrième axe s’appuie sur le développement touristique visant à diversifier et améliorer l’offre touristique, à travers la construction et l’aménagement d’infrastructures dédiées aux loisirs et au tourisme. Le cinquième pilier concerne l’économie numérique, en favorisant le développement des infrastructures numériques, l’entrepreneuriat dans ce secteur, ainsi que la réduction de la fracture numérique. Enfin, le sixième pilier cible la promotion immobilière, en augmentant l’offre de logements décents à coût abordable, tout en consolidant le cadre institutionnel et juridique du secteur.
Selon Franck Corneille Mampouya, « dans le passé, l’économie congolaise était fragilisée par des crises extérieures, notamment celles affectant le secteur pétrolier, freinant ainsi la diversification économique. La mise en place du Plan national de développement vise à garantir la stabilité et la relance de l’économie ».
Le directeur général du Plan a également évoqué le dynamisme observé entre 2018 et 2022, période durant laquelle le taux de croissance économique était inférieur à 1,5%, alors qu’il est aujourd’hui estimé à 3,1%. Cette amélioration s’explique notamment par un regain d’intensité du secteur privé, dynamisé par des mécanismes d’incitation. Par le passé, la disparition moyenne de trente-deux entreprises annuelles dans le tissu productif résultait de la crise sanitaire mondiale liée à la Covid-19, de la crise russo-ukrainienne, ainsi que d’une conjoncture économique et financière difficile. Des dispositifs ont donc été mis en place pour soutenir ces entreprises.
Ces mesures, concrétisées notamment par les conventions d’établissement, ont facilité l’attractivité du secteur privé, se traduisant par la création de plus de 3 600 emplois. « Les avantages fiscaux et réglementaires accordés aux entreprises stimulent la croissance. Par exemple, lors d’une récente session du comité de cadrage, il a été constaté que la contribution du secteur pétrolier à l’économie est passée de 50% à 42%, ce qui atteste de l’apport croissant du secteur privé », a précisé le directeur général.
Il demeure toutefois que la signature d’une convention d’établissement ne garantit pas systématiquement son exécution effective. La concrétisation des investissements dépend en effet de l’amélioration du climat des affaires, de la gouvernance, ainsi que de la stabilité politique et sécuritaire.
En ce qui concerne le financement du Plan national de développement, Franck Mondésir Mbouayila Tsassa, directeur général de l’économie, a indiqué que l’État et ses partenaires financiers directs assurent environ 26% du budget, tandis qu’il reste à mobiliser 74% auprès des partenaires extérieurs, notamment via les partenariats public-privé. Il a insisté sur le rôle indispensable du secteur privé dans cette mobilisation.
L’évaluation du PND s’articule autour de trois volets : l’évaluation macroéconomique, l’évaluation des projets, et l’évaluation socio-économique. Ces suivis sont assurés régulièrement, avec notamment un rapport trimestriel sur la conjoncture économique. La Banque mondiale collabore actuellement avec les autorités pour l’évaluation des 343 projets inscrits dans le plan. L’évaluation finale socio-économique est prévue à la clôture du plan, fin 2026 ou début 2027.
De son côté, Innocent Dimi, Conseiller au ministère de la Coopération internationale, a souligné que les Zones économiques spéciales (ZES) sont cruciales pour la diversification économique du Congo. Il a expliqué que les partenariats public-privé (PPP) facilitent l’accès à des financements privés et à l’expertise technique, accélérant la réalisation des projets d’infrastructure tout en partageant les risques. Un exemple concret est la construction d’un terminal au Port de Pointe-Noire avec un groupe émirati D’Abu Dhabi, un projet de 500 millions de dollars pour renforcer la compétitivité portuaire en Afrique centrale, concédé pour 30 ans depuis 2023.
